Fédération Alsace bilingue-Verband zweisprachiges Elsass

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Langue régionale : des principes bien appliqués de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, mais est-ce suffisant ?

Madame Anne-Camille Beckelynck a fait paraître en date du 9 mars courant un long article intitulé « Langues régionales : une charte non ratifiée, mais des principes bien appliqués » dans les DNA et L’Alsace. Permettez-moi d’y apporter un complément. L’article fait état de choses nombreuses qui sont réalisées en faveur de la langue régionale d’Alsace. Nous ne les ignorons évidemment pas, d’autant plus que les 24 membres de la fédération Alsace bilingue en effectuent un grand nombre.

Est-ce suffisant ? Bien sûr que non s’il s’agit ne serait-ce que d’assurer sa survie. La seule question qui vaille au sujet de ce qui est entrepris : gagne-t-on en locuteurs ou la LR poursuit-elle son déclin. Pour que la langue régionale, à savoir « la langue allemande…dans sa forme standard et ses variantes dialectales »[1] puisse survivre dans la société alsacienne, elle doit pouvoir y bénéficier d’une existence sociale, c’est-à-dire une existence scolaire, culturelle, administrative, économique, médiatique et cultuelle (à l’exclusion de ce qui est strictement régalien[2]). C’est une condition sine qua non. Tout le reste n’y suffira pas.

Il y aurait donc un quadruple travail à mener par la collectivité alsacienne dans son ensemble, celui de penser la forte efficience sociale, économique et culturelle du bilinguisme collectif, celui de la définition d’une politique et d’une  stratégie linguistiques globales en sa faveur, celui d’obtenir les libertés nécessaires pour répondre aux enjeux  et enfin celui de la mise en application.

Il conviendrait déjà d’assurer l’existence sociale énoncée ci-dessus à hauteur de 30 %. Ce taux est à la fois le minimum nécessaire pour assurer une survie à court terme et la base utile pour un plein développement futur. En dessous de ce minimum, on ne redressera pas la situation. Il se parle quelque 6000 langues à travers le mode. Il en disparaît près d’une centaine chaque année. Disparaissent celles qui ne bénéficient d’une existence sociale pleine et entière.

En une vie d’homme, j’ai vu la pratique dialectale passer de quasiment 100 % des enfants à leur entrée à l’école maternelle à 1 % aujourd’hui. Convenons qu’il y a là un gros problème. L’origine principale s’en trouve dans ce qui a été appelé « le mal français », à savoir une certaine impossibilité française à considérer la pluralité et la multipolarité, c’est-à-dire à lier l’un et le divers, linguistique en l’occurrence.

Pierre Klein, président de la fédération Alsace bilingue/Verband zweisprachiges Elsass

[1] Nous reprenons la définition de la LR telle quelle figure dans la loi portant création de la CeA, d’autant plus que c’est là la première fois que la définition de la LR d’Alsace est inscrite dans une loi , alors que c’était déjà chose faite pour d’autres langues régionales de France.

[2] On n’en est pas à demander par exemple qu’à l’armée française les ordres soient donnés en Breton, basque … allemand. Que les jacobins soient rassurés.