Fédération Alsace bilingue-Verband zweisprachiges Elsass

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Réponse à l’article DNA de ce 30 mars 2021 au sujet du welche

Réponse à l’article de ce 30 mars 2021 dans l’édition des DNA de Sélestat (à la page 40) au sujet du welche

Il est écrit dans cet article que de 1870 à la Première Guerre mondiale… « Autant s’exprimer en français était expressément interdit, autant le welche a été toléré… ».

L’auteur confond visiblement le IIe et le IIIe Reich. Si les nazis avaient effectivement interdit l’usage de la langue française, il n’en a absolument pas été ainsi durant la période du Reichsland. Si la langue allemande, qui en avait perdu, a regagné du terrain durant cette période, le français n’est pas totalement banni de la vie alsacienne, loin s’en faut. Il conserve une certaine position dans la presse et la vie culturelle, politique et administrative.

Document administratif bilingue daté de 1885

Zweisprachiges Verwaltungsdokument von 1885

 

Les Allemands font même preuve d’une tolérance et d’un réalisme pédagogique que les Français n’ont jamais montrés ni avant ni surtout après cette période. En effet, dans les villages romanophones, le français est enseigné comme langue première, l’allemand n’étant introduit que par la suite. Dans ces villages, on parlait alors essentiellement des dialectes romans lorrains ou « patois vosgien », le welche, qui n’est pas du français, et la connaissance du français littéraire était loin d’être maîtrisée (la scolarité n’était pas encore obligatoire en France en 1870).

Les Allemands auraient pu utiliser cette situation pour soustraire ces populations de la francophonie et, au lieu d’enseigner le français, n’enseigner que l’allemand. Ils n’en firent rien. En utilisant le français, ils firent, indiscutablement, le bon choix. Il est même permis de dire que les Allemands vont contribuer à franciser ces populations.

Le français élargit même sa position au tournant du siècle. Il reste très prégnant dans les couches sociales favorisées, dont il est devenu une sorte de « Sonntagssprache » pour les relations privées et de salon. Au cours des réceptions organisées par le Statthalter (représentant du Kaiser), il était courant que l’on causât français.

Un certain bilinguisme de classe s’est bel et bien maintenu durant cette période !

 

Pierre Klein, président